L’avocat pénaliste se voit poser toujours la même question
L’avocat pénaliste que je suis s’expose à se voir poser toujours la même question, le plus souvent à l’occasion de « dîners entre amis », au cours desquels j’ai généralement envie de décompresser et ne pas parler nécessairement parler de ma profession…
Mais telle une machine bien rodée, il y en a toujours un (ou une …) qui pose cette fameuse question lancinante du style : « Mais comment faites vous pour défendre quelqu’un alors que vous savez qu’il est coupable ? ». Ou encore la « variante » : « mais comment faites vous pour défendre des gens qui ont commis des choses terribles ? » (Et encore je suis « light » dans ma formulation…).
En réalité la question est tellement vaste puisqu’elle mélange pléthore de notions (présomption d’innocence, nécessaire protection de l’ordre public, intérêt de la peine, humanisme etc.) que j’ai souvent du mal à répondre …c’est un peu comme le débat sur la peine de mort ou bien encore pour aller plus loin le conflit entre israéliens et palestiniens… Les avis divergent autant qu’il y a de personnes présentes lors de la discussion et je rajouterais qu’il s’agit d’un sujet qui peut « animer une soirée … ».
Alors ne vous attendez pas à ce que je réponde en quelques lignes sur ce vaste sujet, mais relisez si vous le souhaitez l’article que j’avais diffusé en septembre 2013, écrit il est vrai sur un coup de tête et à l’occasion de cette terrible affaire « Fiona » où les commentaires de certains internautes prenant la plume pour parfois s’exprimer en termes d’un autre âge ne pouvaient que me faire réagir …
Alors vous ne serez peut être pas tous d’accord avec mes propos mais j’assume ma liberté de pensée et je vous livre donc cet « article », et à vous le cas échéant de réagir et d’apporter votre « petite pierre à l’édifice » de la réflexion…
Dans tous les cas, bonne lecture et excellente fin de semaine à vous toutes et vous tous !
« Salauds !!! ordures !!! peine de mort !!! » …les braises d’un drame humain ne refroidissent jamais…vous voyez où je veux en venir…cette petite Fiona ne méritait pas de mourir ; en décidant de communiquer sur cette dramatique affaire, je prends le risque de déplaire mais j’agis tous les jours en homme libre et veux vous donner mon sentiment de « pénaliste » qui a pu parfois « défendre l’indéfendable »…je me souviens d’une dame jurée qui ne pouvait retenir ses larmes et son émotion lors des plaidoiries dans le cadre d’un dossier d’assises pour lequel j’avais la lourde charge de défendre le « salaud » ; je me souviens aussi du procureur de la république de Marseille, Jacques DALLEST alors avocat Général à Bordeaux qui me disait dans un autre dossier où j’avais la charge de défendre une « ordure » qu’il « n’y avait pas de limites dans « l’horreur »… Cette phrase résonne dans ma tête…mais pourquoi l’homme est il capable du pire ? question insoluble…mais pourquoi défendre l’indéfendable ?
je ne suis pas mercenaire des causes perdues même si dans ma carrière j’ai défendu des causes difficiles humainement… et je vous demande un instant de fermer les yeux et d’entendre ce que je veux faire passer comme message.
Je serais pour ma part prêt à défendre la maman de Fiona ou bien son compagnon et je vous dis pourquoi.
Cette tragédie me fait penser au film « Thelma et Louise » et je peux je pense imaginer la scène du drame et les protagonistes: une mère aimante mais dépendante de son nouveau compagnon qui a la main lourde sur elle mais c’est la fatalité dans l’esprit de cette femme, une femme qui reçoit des coups quoi, rien de plus « normal » dans sa vie de femme soumise ; et puis dans le rôle du compagnon, il y a le toxico paumé et alcoolique qui n’a pas eu l’intention de tuer et d’ailleurs le procureur ne s’y est pas trompé car il envisage de le mettre en examen non pas pour crime, voire assassinat (crime avec préméditation) mais pour ce que l’on appelle « coups mortels » c’est à dire violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner…la petite Fiona d’après ce que j’ai pu lire sur le net ne cesse de vomir et ce qui déclenche l’impensable, des coups…violents…ayant entraîné la mort…et puis l’affolement, et c’est « l’après » si je puis dire qui révolte, qui révulse…on fomente l’idée de faire disparaître les preuves de l’impensable, c’est à dire le corps désarticulé de cette enfant sans défense…la mère effondrée à n’en point douter est sous la coupe de son compagnon ; ils s’enferrent dans le mensonge et c’est trop tard, ils ne peuvent faire machine arrière et cela n’importe quel expert psychiatre peut vous le dire, tel le professeur Coutenceau, psychiatre éminent, entendu ce matin sur une radio nationale qui expliquait parfaitement cette descente aux enfers dans le monde de l’impardonnable, de l’innommable …alors ils seront jugés et reconnus coupables et ce ne sera que justice même si la peine ne fera pas revenir à la vie Fiona…sa mère sera condamnée à la souffrance perpétuelle, n’est ce pas là la pire des peines et en même temps celle qu’elle mérite et qu’elle doit endurer ? alors je vous en prie, ne rejoignez pas la meute de ceux qui crient des propos d’une autre époque, ce couple encore une fois n’était pas programmé pour tuer, j’en suis intimement convaincu…je souhaiterais que vous osiez la raison et que vous ne soyez pas envahis par la dictature de l’émotion ; tout le monde a droit d’être défendu et entendu en sa défense quoiqu’il ait fait, quelque que soit l’horreur commise et heureusement puisque cela est et restera la pierre angulaire de toute démocratie. Voila ce que m’inspire en quelques lignes ce drame humain en espérant avoir apporté ma contribution aussi minime soit elle à une meilleure compréhension et à un recul salutaire ayant pour corollaire la Justice avec un grand J… Il n’y a décidément pas de limites dans l’horreur…