« LA NOTE DE GUEULE » : Une bien vilaine expression mais lisez donc ce qui suit…

 

 

 

 

NOTE DE GUEULE

Est-ce vraiment politiquement correct pour l’avocat que je suis d’employer une telle « expression » ? j’ai été « formaté » lors de mon service militaire, (un « bidule » que nos jeunes ne connaissent pas…) et ce dans le cadre notamment de l’Ecole d’Officiers effectuée à l’Ecole d’infanterie à Montpellier ; ayant repoussé mon service militaire jusqu’à la fin de mon cycle universitaire et après avoir connu dès la première matinée de mon intégration une tonte de cheveux digne du goulag et « tta » (les initiés comprendront…), j’ai vite « appris » ce que pouvait être une « note de gueule » car le monde militaire est très friand d’expression de ce genre (comme celle « dans la foulée… ») et notre capitaine de compagnie de cesser de vociférer dans nos douces oreilles post étudiants attardés cette expression, en nous disant qu’un classement avait lieu à la fin de nos classes (normal vous dirait La Pallice…) et que celui qui aurait la « note de gueule » la plus lamentable se retrouverait dans le Nord ou l’Est de la France ! (désolé pour mes amis cht’is et de Moselle !) 😉 et qu’il fallait donc nous sortir… vous connaissez la suite…

Mais notre capitaine n’avait pas tout à fait tort (un supérieur hiérarchique a toujours raison, et vous me ferez 50 pompes si vous n’arrivez pas à l’admettre…) et j’ai donc appliqué cette notion, par la suite, dans mon quotidien et notamment à la sortie de l’école d’avocat où il était temps de visser ma plaque d’avocat et affronter ainsi la « vraie vie » en recevant ses premier clients !

Et bien croyez moi si vous le voulez, mais le pénaliste que je suis voue une grande déférence à la notion de « note de gueule  » et en martèle le principe à chacune des personnes « passant entre mes mains » ; n’oubliez pas que la justice est rendue par des hommes (et des femmes, et ce de plus en plus…) ; il y a les faits reprochés et puis il y a le comportement de l’individu à l’audience ; et bien j’ai l’habitude de dire et redire que le comportement du justiciable à la barre compte beaucoup dans la peine finale et cela vaut vraiment le coup de « briefer » son client pour qu’il évite de dire des monstruosités et énormités à la barre (je pourrais écrire un livre sur le sujet…) et pour qu’il montre le mieux de lui-même devant le ou les juges chargé(s) de le juger ; la « note de gueule », c’est à la fois :
– la tenue vestimentaire adaptée à la symbolique des lieux et à l’enjeux : on ne se présente pas devant son ou ses juges en short et baskets avec une casquette vissée sur la tête et en machant un chewing gum,
– ne pas se (re) tenir à la barre du tribunal comme si vous étiez au comptoir d’un bar,
– dire « oui Monsieur (ou madame) le président, et non « ouai.. »
– ne pas reprendre la parole après l’avocat car les juges détestent cela (sauf si vous pensez que votre avocat a dit quelque chose qu’il ne fallait pas ou si vous souhaitez rajouter un point important que votre avocat aurait omis d’aborder…)
– ne pas s’assoir avant qu’on vous ait demandé de le faire etc !
Je ne vous livre pas une méthode miracle mais un ba-ba que d’aucuns oublient parfois un peu trop facilement…mutation d’une société qui oublie les règles essentielles ?? oui sûrement,…

2 Commentaires

  • Posté par 20 Décembre 2014

    ROUBY Roland

    Vous lire est un plaisir réel.
    Je crois être assidu et je ne me lasse pas de vos billets.
    J’admire vraiment l’amour de votre métier et le grand intérêt que vous portez à l’humain.
    Vos propos sont parfois techniques mais ils sont toujours passionnés et passionnants.
    Merci.

  • Posté par 3 Mai 2015

    Sonia SANZALONE

    En bref, Jean François, tu incites les clients à paraître avoir une éducation de base à la barre… dommage de devoir rappeler cela, mais tellement vrai! j’ai vu naguère un jeune client venir en jogging jaune fluo et casquette à la Cour d’Assises et l’ai renvoyé mettre pantalon, chemise, cravate… son père m’a demandé si je n’étais pas magicienne. Dans la question on a la réponse : comment le père a t il pu accepter que son fils jeune majeur se présente ainsi devant une Cour d’Assises???

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